Dernière sortie longue

Ouf, ayé, c’est torché ! Sous la pluie, dans la boue du Bois, sous l’œil torve des corneilles, boostée par la conversation de Loï, engoncée dans ma veste imperméable qui fait tchhh-tchhh à chaque mouvement de bras, dimanche, j’ai fait ma dernière sortie longue de cette fichue prépa marathon.

Deux heures, une petite vingtaine de kilomètres, pour finir… fatiguée.

Avec les copains d'Urban Runinng lors d'une sortie longue de reconnaissance de fin de parcours @L. Gillet

Avec les copains d’Urban Runinng lors d’une sortie longue de reconnaissance de fin de parcours @L. Gillet

Quand je vois sur Strava des cops qui t’enquillent 15 km en « footing de récup », je me demande sur quelle planète obscure j’ai mis les pieds en m’engageant dans ce délire.  Délire qui totalise 42,195 km tout de même.  Moi qui ai mal dans la fesse dès que je cours deux heures (non, il ne s’agit pas d’un prétexte fallacieux pour me faire tâter le fessier chez le kiné).

Suis-je normale ou paranormale ?

Donc je finis de préparer mon premier marathon. Préparer. Pas encore couru. Car après tout il va falloir courir, oui, courir, pendant près de cinq heures, peut-être plus, peut-être moins, avec des faux-plats, des montées, des pavés, des tournants, même passer dans le 16e (en short en plus). Ho, je blaaaaague là.
Non mais parfois je me demande si je suis normale dans ma tête ?

JC : Il y aura 50 000 paranormaux ce dimanche là… rassurant quand même !

Après mûre réflexion, je n’ai toujours pas la réponse. Si je réfléchis bien (donc rarement), je me dis que non, ce n’est pas normal –adjectif qui n’a rien à voir avec la campagne électorale passée, s’il vous plaît, merci– de courir sans devoir attraper le bus ou fuir un ours.

Honnêtement, il faudrait se coucher sur un divan (oh oui, se coucher… dormir… raaaaah… oups, pardon !) pour évoquer cette sombre notion de plaisir tirée d’un effort difficile. Oui difficile, ne me dites pas le contraire. Et je n’ose même pas penser à mon état le 12 avril.

JC : Les escaliers en marche arrière…

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Podium des 3 questions

Même dans ma famille, on me regarde avec de gros yeux, et j’en entends des questions. Ça commence par la basique «Mais pourquoi tu fais ça ?»  Ah oui, tiens, c’est vrai ça, pourquoi ? J’ai essayé de trouver une justification, j’y ai réfléchi, en courant, car on réfléchit beaucoup en courant.
Sérieusement, ma réponse honnête serait par défi du temps qui passe, pour m’auto-épater, et réussir ici ce que je n’ai pas réussi ailleurs sans doute.
A moins que ce ne soit pour avoir un tee-shirt orange ?

tee=shirt finisher marathon de paris 2015

Et j’ai entendu aussi «Tu sais, c’est mauvais pour les articulations…». Ah bon ? Mais on me dit par ailleurs que courir est bon pour la densité osseuse, pour le cœur, pour la ligne, la régulation du système hormonal etc.  Qui croire ? Ceux qui préfèreraient me voir ne rien foutre parce que ça les rassurerait ? Oups, j’ai écrit ça tout fort ?

Et puis parfois, les questions se font encore plus saugrenues : «C’est pour suivre ton mec ?»
Et celle-là, elle est bien bonne ! J’ai tellement envie de répondre «Mais oui, je suis tellement soumise et sans personnalité que je fais tout comme lui. D’ailleurs, je voulais devenir championne d’Europe de VTT, mais j’ai pas trouvé de vélo !»
Sérieusement, les gars ! Oui j’ai envie de partager ça avec mon amoureux, tout comme j’aime quand on partage des week-ends avec nos potes, de bons petits plats, des rigolades, des voyages… Bon ok, pour les voyages, c’est moins simple que la course à pied.

Parfois, je perçois même dans la réflexion d’autrui une once de jalousie. Si, si, je vous assure ! Presqu’un reproche. Plus autant dispo qu’avant, trop saine, trop sérieuse, trop sportive, trop tout court. Mais préparer un premier marathon à 45 balais ne permet pas l’impro, donc pas de demi-mesure.

JC : De toute façon, dès lors que tu ne bois pas, déjà, tu es regardé comme un pisse-froid !

Courir c'est rêver ?

Courir c’est rêver ?

Vent de folie, c’est pas fini, fini-i-i

(Seuls les grands mélomanes reconnaîtront la chanson évoquée dans l’intertitre ci-dessus, ndlr)
Pourtant, croyez-moi, préparer un marathon m’a demandé une petite dose de folie, d’insouciance. Je me demande pourquoi j’ai eu envie de m’imposer ça, courir la nuit, tôt le matin, à jeûn, oui à jeûn, à jeûn sans manger quoi, et même sous la pluie qui mouille, dans le froid qui caille, dans le vent qui souffle contre toi l’empaffé, seule parfois.

Le sportif –oui je m’inclus dans cette catégorie maintenant, j’aime bien me la péter–, ce spécimen bizarre ne recule pas devant l’effort non ? Maso lui ? Non, je ne crois pas. Mais je crois dur comme fer que ce qu’on obtient à raison d’un gros effort, on le savoure très fort.

JC : J’ai été, en tout cas, plus d’une fois impressionné par ton sérieux et ton assiduité aux entraînements. Déjà ça, c’est une victoire car quoi qu’il arrivera dimanche 12 avril, tu sais que tu es capable de mener à bien une préparation marathon régulière.

Eh bien nouzi voilà, c’est vraisemblablement cela que j’ai aimé : avoir réussi à fournir tant d’efforts. Et peut-être m1463910_924957527532000_7861386198821529564_nême recommencer après le marathon de Paris. Cet effort, je le fournis seule. Seule, enfin presque (merci mon chéri). Disons face à moi-même, face à ma flemme.

J’ai hâte de la retrouver celle-là, ma flemme !
D’ailleurs, j’ai posé un jour de congé le 13 avril.
Car ce jour-là, j’ai rendez-vous avec… ma flemme.

JC : Et le 12 au soir on fait quoi ?

Compléments d’infos

> Mes chaussures : des Asics Cumulus qui ont déjà couru 400km et avec lesquelles je ferai sans doute le marathon.
> Mon objectif : finir, et en secret, finir en moins de 5 heures, et en très secret, parvenir à garder la même allure tout le temps, et en très très très secret, finir en faisant fi de ma douleur à la fesse droite, qui descend insidieusement dans le genou.
> N’hésitez pas à venir sur le bord du parcours, le numéro de mon dossard est 35428, et j’aurai probablement un tee-shirt mauve du team Asics Challeng’ELLES.
> Autres infos primordiales : Sachez que 80% des coureurs sont des mecs âgés en moyenne de 41 ans (je dis ça pour attirer mes cops célibataires parmi les supporters), que 138 pays sont représentés (je dis ça pour mes potes du CISV), et que le meilleur l’an dernier a terminé en 2h05’04 » (non loin de mon temps au semi en fait).

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Lis aussi comment j’ai choisi Paris (pour en savoir plus sur le ChallengElles).
Et le récit du semi-marathon intégré dans ma prépa, couru en Italie.

Et pour bien finir sa prépa marathon :
Malto ou pas, faut-il en prendre ?
On mange comment la dernière semaine ?

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27 réponses à Dernière sortie longue

  1. Je vais suivre ta course avec un grand intérêt comme j’ai suivi ta prépa!
    C’est marrant le top 3 des réflexions est exactement le même que le mien!
    Bonne course!

  2. La Birote dit :

    Je me marre toujours autant à te lire. Don’t worry baby, on va y aller tranquillou, on sera à tes côtés, ça va l’faire ! Fraîche pour l’apéro de 13h la meuf.

  3. Lolotrail dit :

    Ah mince, je croyais qu’il te restait une sortie longue Paris-Jura-Paris en moins de 3h! Sinon, même si je ne comprends toujours pas comment vous faites pour vous entasser à 50 000 dans les rues de Paris (vous y allez au chausse-pied ???), je reste admiratif devant la capacité qu’ont ces vétérans à fournir des efforts incroyables malgré la maladie et les handicaps physiques (un bout de fessier en moins, c’est pas rien quand même!) pour se préparer pour de tels évènements! Je rigole bien sûr, y’a plus qu’à te souhaiter bonne course!

  4. Vincent Dogna dit :

    Vas y Anne-Laure, don’t worry, même si c’est facile à dire et encore plus à écrire, qu’à vivre.
    Fais toi juste plaisir. Reste sur ta cadence de base. A moins d’avoir était une championne, ou d’avoir une âme de warrior, pour son premier Marathon, il faut juste le finir. Ce qui est primordial dans son premier 42km195, c’est de le faire sans Bobos et surtout apprécier l’instant… ou tu franchiras la ligne d’arrivée. Comme je dis souvent (et je peux me tromper) le plus difficile dans le Marathon ce n’est pas pas la matinée du jour J, mais les semaines a encaisser les séances et cela quel que soit ton niveau. Si tu peux , essayes de suivre la ligne bleue, la ligne idéale ( je crois que cette année elle sera verte à cause du Partenaire Majeur !) La première victoire est déjà d’être au départ, de toute façon dis toi que même les coureurs qui ont plusieurs Marathons dans les jambes auront toujours l’incertitude au départ, il y a trop de paramètres qui peuvent entrer en jeux sur une épreuve longue. Dernier conseil et après je vais arrêter, sinon on va croire que je suis ton coach (non je plaisante, il est meilleur le tiens) bref, dernier conseil, si à un moment tu ressens un petit bobo, fixe ta pensée sur l’environnement , le groupe de musiciens, les spectateurs, l’architecture… il faut éviter de se focaliser sur ce petit pépin qui peux vite te pourrir cette belle aventure et cela serait vraiment bête. Pour finir (enfin) dis toi que tu ne seras pas sur le podium, mais tu ne seras pas dernière non plus ! Be happy et go Anne-Laure

    • AL dit :

      Merci Vincent ! C’est ce qui est chouette avec la course à pied, tu n’es pas sur le podium mais ça peut tout de même se révéler une sacrée victoire ! À bientôt au running expo je pense

  5. Monier dit :

    J’adore… j’ai l’impression en lisant tes lignes, de revivre une scène de ma vie. 🙂 merci. Je prendrerais également la lgien de départ, tout comme toi j’ai fait une prépa et j’ai hate d’être au Jour-J pour en découdre et vivre mon premier marathon! Je ne sais pas ce qui était le plus diur, de cumuler les km/la difficulté des entrainements, deles combinés avec le boulot/les amis/la famille, c’est dans ces moment là que tu te rend compte que seul tes amis runners te comprennent, que si tu ne prends pas des chips ou bien de la bière/du vin/ou bien un mojito (pêché mignon) tu ne deviends pas le relou de la soirée (ça n’empche pas que c’est quand même dur de résister à cette douce tentation) ; mais non on met toutes les chances de notre côté pour ce jour. Alors au plaisir de t’y croiser, et que surtout tu prennes su plaisir dans cette course (même si on sait qu’on aura mal à la fin 🙂 ). Bonne course. hâte de lire le postmarathon !!

    • AL dit :

      Ah oui voilà ce que je pourrais bien faire le 12 au soir : m’envoyer une bonne caïpi tiens ! Merci pour le soutien et le compliment. Bon marathon itou

  6. Deniau Pascal dit :

    Très bien écrit, il ne reste plus qu’à très bien courir le jour J.
    Bien préparée, ça va le faire !
    Que la force soit avec toi 🙂
    Bon marathon et vive le sport !

  7. valérie SECKLER dit :

    Vincent D a tout bien résumé : le jour J, dis toi que c’est la récompense de toutes ces semaines de prépa, la belle grande ballade à travers Paris….. profites juste, fais confiance à ton corps et ton cerveau qui ont enregistré l’allure, fies toi à tes sensations et oui, si un p’tit bobo vient te déconcentrer, ne te laisse pas avoir, recentre toi sur l’objectif, ça va le faire et au bout du compte tu seras fière de toi et tu pourras l’être …allez Miss, go on, je serais peut être sur le bord de la route aux alentours du Bois de Boulogne… Bon run
    Valérie

  8. Pas mieux ! Bravo ( mon père :  » tu cours donc tu fuis ?  » ) Bon premier marathon. C’est le meilleur !

  9. rubilax56 dit :

    Excellent! Je partage totalement le billet et l’humeur : je ne sais pas ce que ça va donner le 12 avril, mais on y sera et on pourra se prouver (et prouver à tous ceux qui nous disent « tu t’entraînes pas un peu trop en ce moment? Je trouve que tu as maigri, t’es pas beau comme ça… Merci maman!) qu’on a tenu le coup pendant des semaines pour préparer ça et qu’on peut le faire. Finalement, c’est aussi simple que ça! On se fiche du résultat final tant qu’on s’est donné les moyens de le faire, non? A tout nos compagnons de galère…. euh, pardon : de course du 12 avril prochain, bravo pour ces kilomètres avalés durant la préparation, il est maintenant temps de vous faire plaisir!

  10. Running Stef dit :

    Comme l’a si brillamment dit JC, déjà bravo pour cette préparation.
    Et oui c’est pas rien une préparation marathon durant laquelle 1h15 fait office de petite sortie, ça en demande des sacrifices et des casses-tête niveau planning.
    Pourquoi courir un marathon ? Et pourquoi pas d’abords ? Pourquoi ne pas vouloir se prouver qu’on est capable de le faire … De vouloir se sentir vivant et de s’aimer (Aimons nous vivannnnnt)
    J’espère que ma route croisera celle des babas lors de cet événement et si mes jambes me le permettent je ferais supporter afin d’encourager toutes mes soeurs et frêres marathonien(ne)s … oui je sais ça fait un peu secte sur les bords

  11. Del dit :

    Je me suis encore sacrément marrée en lisant ce billet… Comme souvent, même si maintenant que j’ai Thierry Pastor en boucle dans la tête je te maudirai bien. Je me suis marrée parce qu’à part la famille que j’ai égarée j’y ai (encore) tellement retrouvé de mes dernières semaines (qui font des mois..). Moi j’ai emmené mon mec dans l’aventure, parce que lui non plus n’a pas de personnalité, j’espère finir ces 42 et quelques histoire de me dire que je l’ai fait avant mes 40 ans, un mois plus tard, j’ai posé un jour de congé le 13, et j’ai traversé le 16ème. En short avec mes tatouages sur les bras. Ce qui m’a permis un samedi matin en remontant la so chic avenue Mozart de traiter un inconnu de sale con. Le seul endroit (j’ai traversé Paris, à peu près tous quartiers confondus dans un paquet de sens pourtant) ou on m’a gratifiée d’un coup de journal sur la cuisse. Je serai là aussi le 12, passablement pour les mêmes raisons et avec sensiblement les mêmes attentes. Et parce que je t’ai lue avant, et en dépit du mec précédemment cité, tu seras une de plus à mes côtés même si on ne se croise pas ! Allez… Enjoy !

    • Jean-Christophe dit :

      Merciiiiii . Je viens de repêcher ton gentil commentaire dans nos indésirables parmi les Michael Kors ceci et les Tory Burch cela. Comme quoi, ça vaut le coup de passer au crible les indésirables !
      Je te souhaite un tiptop marathon et n’hésite pas à venir commenter le récit de course pour nous dire comment ça se sera passé. Enjoy !
      (AL)

  12. Ah, je vois qu’on a les mêmes questions récurrentes dans notre entourage. J’aime bien aussi le « mais tu cours même en pic de pollution ? c’est super dangereux ! » tout ça avec une clope au bec bien sûr… chacun son vice )). en tout cas bravo pour ta prépa, enjoy le jour J, trop hâte d’être le D-Day, un jour magique !

    • Anelor dit :

      Ah exact le coup de la pollution et de la clope, mais tellement (du coup, j’ai arrêté de fumer moi pour ne garder que la pollution !!!). Bon marathon !

  13. Judith Mathon dit :

    je suis avec toi, j’aurai aimé le faire avec la team…
    bon Marathon et profite car je pense que l’arrivée est magique

    • Anelor dit :

      Désolée pour toi Judith, j’espère que tu auras d’autres occasions sympas de joindre une joyeuse équipe dans une autre course. Mais le plus important est évidemment de prendre bien soin de toi. Ça vaut le coup, c’est ce qu’il faut que tu te dises. Allez courage, tu prendras bientôt ta revanche

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