Quelques mois se sont écoulés entre la première et la deuxième projection du docu Free to run. A la longue, on pouvait craindre que la forme de ce film (docu) finisse par nous ennuyer. Que nenni !
Et à chaque fois, mêmes causes, mêmes effets : des frissons, deux larmes (JC : pas moi !) et surtout un envie de courir dans la forêt, un marathon, partout dans le monde, au soleil, sous la pluie… et de partager notre frénésie.
De quoi parle ce documentaire ?
La baseline dit tout : « Liberté, égalité, course à pied », et avec son film, Pierre Morath (historien, ancien athlète et journaleux – enfin peu importe dans quel ordre) nous embarque pour 1 heure 40 sur notre sport favori.
Ici, point de focus sur la formidable aptitude des Kényans et autres Ethiopiens, ni sur la mode/pas la mode de courir, ou encore le barefootisme.
Non, Free to run parle d’engouement, de batailles, d’égalité, et d’esprits libres.
JC : Ça, ça nous va nous les babas !
Nos héros préférés
Quatre histoires nous ont particulièrement marqués dans ce film. Nous nous sommes emballés, identifiés, attachés…
> D’abord à celle de Fred Lebow, le créateur du mythique marathon de New York.
Fallait-il que ce type soit dingue – et surtout très doué pour le marketing – pour avoir transformé une micro course dans le Bronx en une épreuve de masse (le mot est faible) à travers les 5 boroughs de New York. Débordant d’énergie et de créativité, un bel exemple du no-limit à l’américaine.
Pas forcément ultra sportif, cet homme prendra enfin le départ de son marathon en 1992. AL : Je ne vous dis pas pourquoi, je vous confie juste que… bah j’ai pleuré !
La foule, le challenge, le dépassement de soi, l’émotion (la réalisation aussi sans doute), tout y était.
Impossible de ne pas avoir envie de s’élancer dans la Grosse Pomme.
> Puis celle de Steve Prefontaine. Nous ne connaissions pas ce jeune prodige que l’on surnomme le « James Dean de la course à pied ».
Nous avons récemment posté sur notre page Facebook un article de Ouest France mettant en lumière les inégalités financières dans le sport, la course à pied demeurant un parent pauvre. Prefontaine, lui, a dû raler dans sa tombe !
Cette légende du demi-fond américain a déployé une énergie folle à dénoncer les positions des fédérations d’athlé, qui se servait directement sur la bête mais ne reversait pas un cent aux athlètes.
Prefontaine finira par mettre en place un circuit de compète privé, avec un système de sponsor. Il courra pour une petite marque de chaussures fabriquant dans un mobile home. Une marque à l’époque à l’esprit rebelle et anti-conformiste. Symbolisée par une virgule… Non, ne riez pas, un passage du film hallucinant !
Celle deNoël Tamini, un Helvète qui a fondé la revue Spiridon dans les années 1970. Une revue qui insuffla un vent nouveau, avec un esprit un rien babos.
JC : la version bio de la course à pied en quelque sorte !
Encore un qui a choisi de ne pas marcher dans les pas des fédés, et qui fut un grand acteur de la montée en puissance des courses hors-stades. Marvejols-Mende, ça vous parle ? Eh bien sachez que la FFA voulait l’interdire… On dit ça, on dit rien !
Avec Spiridon, publication disparue aujourd’hui (mais qui ressuscite un tout petit peu dans Zatopek, je trouve), Tamini revendiquait le droit de courir librement et par tous, partout. Cela peut sembler basique aujourd’hui, et pourtant…
Sur le dernier marathon de Paris, des coureurs d’Aurillac arboraient fièrement un tee-shirt Spiridon ! Probablement des gens cools !
JC : Spiridon, ça me rappelle quand j’avais 20 ans [il y a 30 ans donc], les conseils de Serge Cottereau.
> AL : Et bien sûr, le passage qui m’a le plus interpelée demeure celui où Kathrine Switzer, première femme à avoir couru le fameux marathon de Boston (un marathon de puristes, moins bling bling que celui de NYC aux States ; et je ne dis pas ça parce que JC l’a fait !), parle de la place des femmes dans le running.
En 1967, quand elle court Boston, elle est repérée par le boss de la course, qui l’agresse littéralement pour la sortir. Elle s’obstine, résiste, son coach la protège, et elle boucle son marathon. Ce qui incitera certains à fermer leur grande bouche. Ceux-là mêmes qui disaient haut et fort que les femmes n’étaient pas cap de courir plus de 100 m !
Elle a posé la première pierre d’un édifice : le droit des femmes à participer à des épreuves de running reconnues.
Car sachez que le premier marathon féminin aux JO ne s’est couru qu’en 1984, à Los Angeles. Et devant les images de l’arrivée de la première… bing !
AL : J’ai encore versé ma larme. Eu des frissons partout, un truc de fou.
Les bémols du film
On notera cependant que le film demeure très axé sur l’Europe et les Etats-Unis. Dommage, car il manquerait sur Free to Run un regard africain probablement fort intéressant.
De plus, on déplore la mauvaise qualité de certaines images d’archives (le réalisateur nous a expliqué que le coût pour des images comme celles des JO était pharaonique).
Enfin, nous voudrions évoquer la vision des coureurs au moment de Sandy (l’ouragan qui a entraîné l’annulation du marathon de NY). Le film les fait passer pour de parfaits égoïstes qui enrageaient de ne pouvoir courir. Pour avoir été à New York pour cette édition du marathon, la réalité ne fut pas aussi manichéenne.
De Free to run, tout imparfait qu’il soit, ressort cependant un défaut majeur : ce documentaire est trop court ! On en veut encore…
Free to Run, de Pierre Morath.
Au ciné à partir du 13 avril 2016
La bande annonce :
Hello ! J’en ai entendu parler depuis quelques semaines…et c’est un film qui me donne bien envie ! Plus qu’a trouver ac qui y aller, car je n’ai pas que des coureurs acharnés dans mes amis !
By the way, j’ai bien reçu le legging Sirun et il est déjà testé sur plusieurs runs. Il est vraiment top, et j’en profite pour te remercier encore une fois !