Après avoir arpenté la côte au Canon, soit un bon D+30m dans le bois de Vincennes, après nous être encanaillés sur la côte de la Gravelle (où l’on croise les athlètes de l’Insep, so chic) avec quelques échappées dans des banlieues verdoyantes -forêt de Fausses-Reposes, bois de Saint-Cucufa et bois de la Grange), les Babas ont mis le cap au Sud. Le vrai Sud.
Celui où le soleil darde ses rayons (si toi aussi tu aimes le verbe darder, relaie ce post sur FB !). Celui où le Tarn nous montre sa gorge profonde et où les biquettes font mêêêê la bouche fermée. Celui où les œufs viennent de la ferme et où l’on considère que l’aligot est un légume. Eh oui.
Ambiancés par Endormorfun, nous avons décidé de suivre les Urban Runners bourricots et participer au Lozère trail : AL sur le 25 km (D+1000), JC sur le 45 (D+2300).
Les Babas avant la course
AL : J’avoue que, n’ayant pas une proprioception de chamois (souvenez-vous, l’hiver dernier, j’ai réussi à me péter l’épaule en descendant un talus), je me suis rapidement demandé dans quoi je m’étais embarquée. Je me suis peu préparée au dénivelé, je n’ai pas les quadri d’Emelie Forsberg (une jeune Suédoise qui pourrait faire passer Heidi pour une handicapée moteur), et mes abdos sont bien enfouis dans mon ventre !
JC : Pour AL, cette distance représente un défi perso, sa plus longue course jusqu’alors ayant été le semi. Sans parler du dénivelé.
De mon côté, il s’agit de faire de ce WE trail, une sorte de week-end choc avant le marathon du Mont-Blanc, dans trois semaines. Plutôt que de faire deux jours d’entraînements, je me teste sur une seule course en fait : ce Lozère trail de 45 km.
Mon aponévrosite m’a peu fait souffrir, pas de manière handicapante (à moins que je ne me sois habitué), mais entre-temps, une ancienne pubalgie s’est réveillée.
AL : Ah ma bonne dame, faudrait pas vieillir !
Je sais pas quoi mettre…
Ne croyez pas que les coureurs sont ces gens cools, qui n’ont besoin que d’une paire de chaussures et d’un vague short pour aller gambader. Que nenni ! Nous sommes de vraies sport-fashion victims, avec en sus le souci de la technicité du produit. En trail, ça se traduit par : Quelles chaussures pour un bon maintien du pied, avec suffisamment de grip sous la semelle pour accrocher le terrain et les accessoires ad-hoc quand il fait chaud ?
AL
> Aux pieds : Je courrai en Trabuco d’Asics. On les dit parfois lourdes, mais pour moi, elles sont sécurisantes : stables, bien agrippantes, et le modèle féminin est adapté à mes petons fins. J’aime bien la languette pour ranger le laçage aussi.
> Tenue : Mon short style cuissard New Balance, tout doux, stretch et moulant (bon ça…), et un top ultra light Nike que j’adore en Drifit. Un camel bag Décathlon pas cher et super bien avec 2 litres de flotte, qui resteront quasi frais. Et ma casquette Adidas de Boston, light avec une bonne visière.
> Bouffe et picole : Dans la flotte, des pastilles d’Isostar, mais moins que la dose indiquée sinon ça donne trop soif, et moi, ces boissons, ça me provoque des rototos ! Dans la poche, un Lifebar (des barres de céréales super super bonnes, sans sucres ajoutés, et ultra digestes, qui te laissent pas la bouche toute pâteuse après), un gel GU (on sait jamais).
JC
> Aux pieds : Je pensais courir avec les Hoka Rapa Nui que j’avais testées et approuvées (non, ne grimacez pas svp !). Mais patatra, la base se décolle une semaine avant la course. Vincent Viet, de Terre de Running, super adresse pour le trail, à Puteaux, me dépanne avec ses Hoka Stinson. Encore plus hautes avec plus d’amorti. AL adore… hum ! On verra ce que cela va donner. En tout cas, en mode footing dans le bois de Vincennes, ça va très bien.
> Tenue : Impossible de me passer du haut Compressport On/Off, le produit est tellement souple, tellement léger. D’aucuns lui trouvent un look « tricot de peau » mais j’adore ; il sèche hyper vite et apporte juste le maintien qu’il faut. Top.
Pour le bas, j’opte, à l’issue d’une séance d’essayage devant un jury avisé de filles, pour le cuissard Kanergy, de la gamme running compression de Kalenji, qui m’offre aussi une compression ultra adaptée.
> Bouffe et picole : J’ai pris deux Lifebar que j’adore aussi (je les trouve dans certains magasins bio), de la pâte de fruit à la framboise et deux gels Gu. En boisson, je pars avec 500 ml d’Isostar dans une ceinture et deux flasques Salomon de 200 ml, une dans chaque main, avec un système ingénieux de gants pour les maintenir. J’apporte avec moi 4 pastilles Isostar, qui devraient me servir quand je ferai le plein d’eau aux 4 ravitos prévus sur le 45 km.
La « course » de baba AL
Départ commun avec les coureurs du 45 km, le troupeau s’élance dans les rues de Chanac, derrière un tracteur sur le 1er kilomètre (histoire de pas aller trop vite, mdr !). Au départ donc, un tronc commun avec 218 partants pour le 25 km et 115 pour le 45 km. Très bientôt, ça va grimper.
Avec ma cops Alexandra, très vite, on marche ! Après tout, à quoi bon essayer de courir dans les côtes et s’essouffler inutilement, quand on marche finalement plus rapidement. Très vite aussi, on se goure de chemin, mais des randonneuses nous signalent notre égarement. Il faut dire qu’il fait un temps superbe et que le paysage envoie du lourd. Je cours avec mon iPhone, je prends quelques photos.
On monte, on monte, on monte, principalement en sous-bois, et bien que le profil de course soit ascendant sans cesse durant 7 km, finalement cette côte, avec quelques petites relances, ça passe. Quand on arrive en haut et qu’on longe les plateaux des Causses, les panoramas sont fabuleux.
Petit défi : Avec Alex, nous essayons de dire un truc positif par kilomètre : « Il fait beau » « Je suis contente d’être venue » « C’est magnifique » « Ça sent bon » « On va la griller la dame, là » etc. Mais après le 9e kilomètre, bizarrement, on oublie. Au 12e kilomètre, on se rend compte que nous avons parcouru la moitié de la distance en… 2 heures ! Eh beh, on n’est pas rendues. Ah non, pas le droit de dire un truc négatif.
Lorsque nous croisons notre support team, Olivier et Amandine, au bord du chemin, nous faisons mine d’être en pleine forme, ultra patators ! Un court instant de joie et de fun avant… une descente technique, de la bonne petite caillasse instable et sèche avec une pente bien raide. Alex rebondit telle un bouquetin, tandis que moi je me sens plus bélier que bouquetin sur ce coup-là. Toutefois, je m’agrippe à mes nouveaux meilleurs amis, les genêts, et parviens à ne rien descendre sur les fesses. #prouesse
Au 17e kil (oui, seulement au 17e), enfin le ravito : je m’arrose, et, ayant déjà descendu 2/3 de ma boisson, je reverse un peu de Quezac pour rafraîchir et ajouter un chouilla de sel à ma boisson. J’avale un bout de pâte d’amande (beurk, trop sucrée la Gerblé !), je mords dans des oranges et nous repartons.
C’est là qu’il nous faut choisir notre parcours : 25 ou 45 km ? Haha c’te bonne blague ! Après ce ravito, malheur comme ça remonte. Nos cuisses nous supplient de les ménager. Et là, j’abandonne ma coéquipière, je trouve un semblant d’énergie après un peu de gel booster et repars de manière dynamique dès que le relief me le permet. Nous passons un petit tronçon de 500m sur route, il commence à se faire tard dans la matinée, et ça tape (sa mère) ! Fouyouyouille !
Puis, ô surprise, une autre montée, et là, je me dis que ça n’en finit plus. La pente s’annonce encore plus raide, à tel point que certains glissent en arrière ! Je me demande pourquoi je suis là, et surtout j’appréhende la descente derrière. Elle arrivera sur les 3 derniers kilomètres, après avoir longé un flanc de falaise avec des grottes, splendide.
Mes cuisses n’en peuvent plus, je crains de trébucher, je me concentre A MORT pour éviter les racines et les arbres fraîchement coupés, et pour ne pas glisser sur les épines de pin, j’ai juste méga hâte d’en finir. Je reprends un slurp de mon gel booster, ça a l’air de marcher (enfin façon de parler, j’ai toujours marché dans les montées).
Je passe la ligne d’arrivée sous un cagnard pas possible après 4 heures 45 d’effort. Olivier et Amandine sont là, cool. Et Mme Endomorfun et ses cops aussi. Je me demande comment retrouver Fanny Trail&co. Je suis défoncée, et toute rouge ! Rhaaaaa. J’avais peur que JC soit arrivé avant moi, ouf, il n’est pas là. Mais vite, je m’inquiète de voir arriver des coureurs qu’on me dit avoir repérés derrière lui…
La course (d’orientation ?) de JC
Méga détendu et pas du tout anxieux par la chaleur -qui a souvent été mon amie-, je prends un départ tout mou car, en effet, comme AL l’a dit, nous courottons derrière un gros tracteur qui nous guide et nous empêche de démarrer en mode Speedy Gonzales.
Moi, ce train-train, ça m’endort. Je me laisse porter et au moment où la course se débloque, j’ai presque du mal à mettre en route. Qu’importe, j’ai le temps ! 45 km sera ma distance la plus longue depuis que je fais de la course à pied.
On attaque la longue montée sur les plateaux. Cette course est une succession de montées et descentes des plateaux caussenards, environnant Chanac. Magnifique. Mais à raison de 5 à 6 fois, ça fait mal ! Là, je me retrouve autour de la 10-12e place.
Je vérifie continuellement de ne pas monter au cardio avec comme ligne conductrice 160 pulsations max. Je m’hydrate régulièrement avec mes topettes aux mains et tape aussi dans mon bidon à la ceinture. Je croise notre « support crew », Olivier et Amandine, mais j’essaie de ne pas me déconcentrer, et leur souris. Je leur laisse mes topettes-gants Salomon.
Je suis bien avant la première descente. Là, sur un gros dévers, je sens que mes chaussures se déforment à tout bout de champ. Vincent m’avait prévenu qu’elles n’étaient plus très neuves. Je m’arrête afin de serrer à mooort mes lacets et me fait dépasser par 3-4 gars. C’est un peu mieux, mais j’avoue que les chaussures vont vite devenir un problème sur la course.
Je pense souvent à AL, qui découvre le trail. Enfin, le vrai, le dur, le technique.
Elle aime ou pas ? Dans cette descente, j’ai des vieux doutes et me dis que je vais me faire appeler Arthur de l’avoir poussée dans cette galère, plutôt que de passer le weekend de Pentecôte à visiter des églises en Italie.
Pose ravito au 17e kilomètre, je remplis le bazar, m’attarde peu et repars sans réfléchir (on avait le choix) vers le 45. Je suis, à mon grand étonnement 5e. Je sais le 6e non loin derrière. Pas longtemps, car je « pétrole » pas mal à ce moment-là.
Jusqu’au km 25 et 2 heures 29′ de course… là, sur un single, que je poursuis car il n’y avait que cette possibilité, je me retrouve à un carrefour plus large où je ne vois aucune rubalise ! Argh !
Je poursuis dans une descente, en vain.
Je remonte pour retrouver le sentier monotrace, quand je croise un coureur qui, sûr de lui, me dit « C’est par là, c’est sûr ». Comme moi, il a pris cette monotrace comme une évidence. Je lui signifie que je ne le sens pas, mais il insiste avec un accent du Sud, sorte de gage de confiance quant à sa connaissance du terrain, croyai-je.
On repart pour re-constater que ce n’est pas bon !
On prend alors une autre direction et là, je m’emballe, je descend sur une piste large, bille en tête, pensant recouper, je passe par un champ, puis une forêt hors-piste… Pour un peu, je craindrais l’avalanche !
Je finis par touuut remonter pour retrouver enfin ce p**** de single qui, après coup avait enfin été fermé avec une rubalise ! Là je croise Maud, une copine Facebook, qui me remet sur le parcours, et je me retrouve 23e…
Bilan : 30′ de perdues et près de 4 km en plus (cf ma courbe sur Movescount).
Les conséquences de cette demi-heure perdue vont s’avérer trèèèès préjudiciables. Car au-delà du recul dans le classement (après tout, c’est une course de prépa), je serai resté 2 heures 15 avec juste 500 ml de boisson énergétique. Je poursuis un moment sur un bon rythme pour remonter à la 10e place, mais je commence à voir des étoiles, et là, je mets en route un processus nourri d’expérience et d’instinct de survie.
AL : Tout de suite, les grands mots, Robinson Savigno-Crusoe !!!
J’arrive enfin à un ravito. Je n’ai plus que mon bidon de 500 ml à remplir. La course étant tellement technique, qu’on a les mains souvent au sol, ou comme le dit AL à tenir les genêts ou autres arbustres pour ne pas tomber dans des descentes de folie. Donc j’ai viré les gants-topettes depuis longtemps.
Mon chemin de croix commence. Il ne reste que 10 km à ma montre, mais en réalité, je dois rajouter 4 km à chaque fois que je checke ma montre… super dur pour le mental !
J’apprends le trail, enfin c’est ce que je me dis, et sur le coup, je pense même que je ne suis pas certain que cela soit fait pour moi…
Je marche de plus en plus, je galère de plus en plus. Je n’avance plus un caramel. Que ça soit en montée ou en descente. Les chaussures sont cata. Je cours sur les malléoles avec le dévers.
A 10 km de l’arrivée, dans une partie technique magnifique sur une crête (une montée brusque et raide), je me retrouve perclus de crampes aux adducteurs. Jamais eu ça de ma vie moi ! Aux a-dduc-teurs ! T’y crois toi ? Eh bien, va les étirer les adducteurs sur une côte à 35% qui glisse ! Injouable. Truc de fou. J’ai dégusté comme ça 4 fois. Toutes les places reprises ont été à nouveau perdues. Qu’importe, le but c’est apprendre apprendre apprendre à aimer -ou pas- le trail #Ihaveadream
Au dernier ravito, on me dit qu’il reste 4 km. Je demande même à un petit garçon de me laisser son siège. Je n’en peux plus. C’est dur, il fait chaud, je suis déshydraté et n’avance plus. 4 km pourtant, c’est rien. Mais ça, c’est sur le papier, car ce sont les plus durs de la course.
Les organisateurs n’y ont pas été avec le dos de la cuiller ! On remonte encore une dernière fois sur un sommet avec des sacrés %, genre je monte aussi avec les mains, mais la descente qui suit : la moitié se fera avec une corde et à l’envers, face à la pente ! Pour les amateurs de chiffres : sommet à 886 m d’altitude au km 46.58 (et oui j’ai 4km de plus… je sais, je sais…) / bas de la descente à 680 m au km 47.25, soit une perte de 206 m d’altitude en 670 m. 31% la pente en moyenne !
Je descends à deux à l’heure, de toute façon, je n’arrive plus à lever la jambe droite (souci à cet adducteur, mais pas envie d’en parler) ni à poser mes pieds par terre.
A Chanac, je vois la silhouette de ma chérie, mes premiers mots : « Tu es en vie ? Super ! Moi je suis mort. »
Je finis 18e avec l’idée d’arrêter ma saison tout de go. Mes amis m’entendent même dire que je ne suis pas fait pour le trail. Bon ça dure deux heures hein, ce ressenti, rassurez-vous. 😀
La récup des babas
Une fois qu’on a ingurgité le repas des organisateurs (décevant, même pas un fromage local… à bon entendeur !), et que nous nous sommes douchés au camping du coin, nous décidons de ne pas attendre Jean-Guigui d’Endomorfun. On a du mal à rester debout, au soleil, par plus de 30°C !
Non plutôt, nous filons direction le Tarn pour un bon petit bain bien frais avec les copains. Nos muscles nous en seront fort reconnaissants.
Le soleil nous invite à un petit apéro terrasse, et les plans sur la comète fusent déjà pour les prochains trails !

Pas mieux à l’arrivée pour Stephan, autre bourricot Urban Running, qui avoue en avoir chié aussi ! @Babaorun/O.Picard
Ce fut un réel plaisir de lire ce récit. Faites nous en plein comme celui là, on s’y croirait 🙂
Merci les babas !
Tous les weekends ? 😉
Merci, promis, on va continuer (pfff, mais faut faire des courses du coup !)
Bravo les baba.
AL s’en sort comme un chef !
JC, tu t’es bien fait bizuté 😉
Bon au final, c’est un bon parcours pour une prépa. Tu fais du gros up&down sur 6 bosses. J’ai donc pas encore eu l’occasion de vois parler de vive voix mais bravo à AL. C’est vrai que passer du semi et du trail découverte à ce truc de brute, c’était gonflé.
Jean-Guigui, J’avoue que la descente caillasse bien raidasse, pour moi, ça équivaut à un stage AirFrance pour des gens qui ont une phobie de l’avion !
Pour moi aussi. C’est clairement mon problème. Mais bon ça se travaille.
J’adore la course d’orientation mais bon là le pauvre JC…^^ Encore un grand bravo à vous deux ! J’aurais bien aimé faire de la récup comme vous !^^
Biz
Ben oui, c’est ballot. Mais j’avoue qu’après l’arrivée, mes neurones avaient fondu certainement
Ping : Marathon du Mont-Blanc par JC : c'est la lutte finale ! | babaOrun
Ping : [Récit] Lozère Trail 45 km – « Hell ain’t a bad place to be » | Endomorfun
Ping : Oh les jolies chaussettes de compression ! | babaOrun